Les 16, 17 et 18 février 2012, s'est tenu à l'Université de Grenade le premier congrès international sur les migrations internationales en Andalousie. Parmi la vingtaine d'ateliers qui se sont tenus, l'atelier 6 s'intitulait « Entre le Maroc et l’Andalousie : migrations et mobilités ». Proposé par le professeur Aron Cohen du département de Géographie de Grenade, cet atelier a été une occasion pour présenter les résultats du projet de recherche mené conjointement par la E3R et diverses équipes andalouses et ayant porté sur les migrations marocaines en Andalousie. Aron Cohen et Mohamed Berriane ont animé cet atelier auquel on participé une dizaine d'intervenants. M. Berriane a ouvert l'atelier par une communication dont voici le résumé:
L'émigration marocaine vers l'Espagne est considérée comme le phénomène migratoire majeur de ces dernières décennies. Le contexte général est celui des grandes mutations des migrations internationales marocaines commencées dès les années 1990 et allant dans le sens de l’élargissement du phénomène migratoire à l’ensemble du territoire marocain et aux villes grandes et moyennes parallèlement à l’élargissement des destinations avec l’apparition de nouveaux pays comme l’Espagne ou l’Italie. On pose l’hypothèse donc que ces flux migratoires qui mettent en relation de nouveaux foyers de départ au Maroc et de nouvelles destinations en Europe sont différents des flux qui relevaient de l’ancien système migratoire qui reliait le Maroc aux anciennes destinations comme la France ou la Belgique. Les différences entre les deux flux peuvent concerner aussi bien l’origine géographique et socio économique que le profil de l’émigré lui-même, ses motivations et la manière dont il gère son projet migratoire et son intégration ou non à l’espace qui l’accueille.
Pour plusieurs raisons l’Andalousie occupe parmi ces nouvelles destinations une place remarquable. L’installation d’un peu plus de 100.000 Marocains en Andalousie et la densité de la vie relationnelle qui lie désormais cette région au Maroc à travers le phénomène migratoire présentent un grand intérêt scientifique pour l’étude des migrations et des mobilités dans le bassin méditerranéen occidental. Un projet de recherche collectif mené en étroite collaboration entre des équipes appartenant aux deux rives apporte des éclairages innovants à ce phénomène. Les dynamiques socio-géographiques des flux migratoires entre le Maroc et l’Andalousie sont examinées de façon simultanée aux deux extrémités des flux. Ceci permet de préciser les positions de l’Espagne, de l’Andalousie et du Maroc dans le système migratoire de l’occident méditerranéen, de livrer une analyse de la dynamique de la migration à la mobilité y compris l’unité et la diversité des mouvements et de leurs acteurs et d’insister à la fois sur les changements et les permanences.
La vitesse de l’évolution récente du phénomène migratoire en Espagne n’a pas été sans effets dans certaines caractéristiques des études fort nombreuses qui lui ont été consacrées. Et cet atelier pourrait être mis à profit pour confronter les résultats de ces recherches avec les résultats d’autres chercheurs. Les participants sont invités à stimuler l’analyse et la réflexion, aussi bien sur le plan méthodologique que sur celui des contenus évoqués par le sujet, en tant que conditions inséparables des recherches nécessaires.
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